Nucléaire, non merci
Tandis que France et Allemagne divorcent sur les choix énergétiques, La Chaîne parlementaire fouille dans les poubelles de cette énergie qu'on a qualifiée de « propre ». A travers une tournée des centrales nucléaires en fin de vie et de centres de stockage des déchets, aux Etats-Unis, en France et en Allemagne, le réalisateur Bernard Nicolas (France Télécom, malade à en mourir) donne la mesure d'évidences affolantes : on ne sait pas si l'on est capable de démanteler nos centrales, et aucune solution de stockage des déchets, même les plus sophistiquées, tel l'enfouissement en grande profondeur, n'est sûre. Démanteler n'est ni démonter, ni déconstruire, explique le physicien Jean-Louis Basdevant. C'est manipuler et stocker une à une toutes les pièces d'un puzzle complexe, dont certaines restent dangereuses durant des centaines de millions d'années...
Dans le monde du nucléaire, il faut donc entendre « provisoire » par « sans limite de durée ». Les fûts entreposés « provisoirement » sur le site de Maine Yankee, aux Etats-Unis, ne sont pas près de trouver leur dernière demeure. Le coût aussi est sans limite : les Allemands dépensent des fortunes pour colmater les fissures béantes de la mine de sel d'Asse et ses fûts éventrés de plutonium, de cobalt, de strontium. La déconstruction en cours de Brennilis, en Bretagne, a déjà englouti vingt fois plus d'euros que prévu... Dans ces deux pays, les projections des coûts de démantèlement varient de quelques dizaines à quelques centaines de milliards... De quoi plomber « sans limite de durée » les générations à venir. — Catherine Cabot