Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
non mais des fois
5 septembre 2013

On nous cache tout, on nous dit rien - (Extait de l´excellent blog PLANÈTE SANS VISA, Fabrice Nicolino , longue vie à eux deux)

Retraite, ou déroute générale ?

Cet article a paru dans Charlie Hebdo le 28 août 2013

Le plan de financement des retraites passe totalement à côté de l’essentiel. L’espérance de vie commence à flageoler, et les épidémies en cours, du cancer à Alzheimer, ont de quoi faire flipper.

————————————————

Sur ce point-là, ils sont tous d’accord. La droite, les socialos, le Medef, et les innombrables commentateurs qui squattent l’espace public depuis l’éternité. Il faut trouver du fric pour les retraites, car il y a de plus en plus de vieux, qui vivent de plus en plus vieux. On saura donc avant la fin août ce que Hollande, Ayrault et Sapin ont concocté. Probablement de ceci, et sûrement de cela, de façon à pouvoir refiler le vieux bébé à ceux qui tiendront le manche en 2020.

L’argument le plus ressassé, ad nauseam, est celui de l’espérance de vie. Pour les neuneus de tous bords, la courbe est grosso modo linéaire depuis deux siècles : on gagne trois mois de vie en plus chaque année. Pour les hommes, on serait autour de 78 ans, et pour les femmes, de 85. L’espérance de vie serait comme la croissance. Éternelle.

Première évidence : l’espérance de vie en bonne santé régresse. En avril 2012, l’Institut national des études démographiques (Ined) constatait une baisse, depuis 2006, de « l’espérance de vie sans incapacité », ou EVSI. En résumé express, tu vis plus vieux, mais avec de plus en plus de gros emmerdes. Tu pars en retraite à 62 ans, ou 63, ou 65, mais avec un déambulateur sous le bras.

Deuxième évidence beaucoup plus chiante encore : l’espérance de vie brute stagne ou diminue au moment même où les gazettes prétendent le contraire. L’alerte est venue des États-Unis en décembre 2010, à la suite d’un rapport des Centers for Disease Control (CDC) montrant une baisse de l’espérance de vie des Américains en 2008. Idem en France, où l’Insee a constaté une diminution de l’espérance de vie en 2011. Même si, dans les deux cas, le recul est très faible, cela n’interdit pas de se poser des questions.

Les démographes sont en général des gens sérieux, mais il ne faut pas leur demander l’impossible, car l’art de la courbe a ses limites. Or il faut rappeler que les vieillards cacochymes d’aujourd’hui sont nés dans un monde totalement différent. Leurs système nerveux et endocrinien, leur cerveau n’ont pas eu à affronter, au moment de leur assemblage, les millions de molécules de synthèse recrachés par l’industrie chimique jusque dans le trou du cul des abeilles. En vérité, rien n’indique que ceux qui ont bu de l’eau – et du vin – frelatés, bouffé conservateurs et colorants, respiré l’air des villes ou celui de maisons – plus pollué encore – pourront vivre aussi vieux.

La raison même, celle dont se réclament pourtant Ayrault et consorts, suggère le contraire. Les humains ne sont-ils pas confrontés à une dégradation générale de leurs conditions de vie ? De véritables épidémies de santé publique déferlent, sans que nos Excellences ne daignent faire de lien. Et par exemple :

*L’épidémie de diabète est fulgurante. Près de 300 millions de personnes sont atteintes dans le monde. Elles pourraient être 438 millions en 2030 selon l’OMS.

*L’obésité touchait 500 millions de personnes en 2010, et les chiffres explosent. En France, 15 % de la population adulte est obèse.

*Le cancer. Selon les derniers chiffres de l’Institut de veille sanitaire (InVS), les cas de cancer ont augmenté en France de 107,6 % chez les hommes et de 111,4 % chez les femmes entre 1980 et 2012.

*Alzheimer touche environ 900 000 personnes en France, mais le nombre de malades grimpe de 225 000 par an. On en attend 66 millions dans le monde en 2030.

*Parkinson frappe 150 000 personnes en France, et l’incidence augmente de 10 % par an.

Etc, etc, etc. On n’évoque même pas les maladies cardiovasculaires et respiratoires, la fibromyalgie, et quantité d’autres affections peu ou mal connues, qui explosent elles aussi. D’évidence, plusieurs facteurs sont en cause, mais d’évidence aussi, il se passe quelque chose de fulgurant à l’échelle du temps humain. Tous les signaux dont se gargarisent tant les experts sont au rouge, ce qui n’empêche personne de pérorer sur le progrès généralisé. Les discussions récurrentes de la retraite ne sont qu’une vaste foutaise.

À quand les vraies batailles contre la bouffe industrielle et la chimie de synthèse ?

 

Publicité
Publicité
Commentaires
non mais des fois
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité